WEB 2.0 : Le web sémantique
Entre 2003 et 2005, le World Wide Web a vécu sa première grande mutation : Alors que les blogs et les wikis tissent une nouvelle toile, les sites Web 2.0 s'équipent d'interfaces pour interagir avec le contenu, les flux Rss simplifient la surveillance des pages web et la diffusion d'information, les réseaux sociaux se développent et offrent de nouveaux outils de communication... Si certains n'y voient alors qu'une opération marketing, le web 1.0 statique devenu dynamique grâce aux langages de scripts est résolument entré dans l'ère de la sémantique.
Les taxonomies populaires et la recherche sur Internet
Le mot "folksonomie" est apparu en 2002 sur Internet pour décrire une expérience de classement de ressources effectué librement et spontanément par des utilisateurs du réseau.
Ce néologisme de l'anglais est né de la contraction des mots "flok", le peuple, avec "taxonomy" qui est la classification d'éléments.
C'est l'informaticien Thomas Vander Wal qui est à l'origine de ce terme, utilisé depuis dans le concept de Web 2.0 pour désigner les possibilités de "tagging" qui sont offertes aux internautes.
Plus largement, la folksonomie désigne les actions de classification, annotation et indexation de tous types de documents Internet réalisées de façon naturelle et massive par les utilisateurs du réseau. L’objectif est de bénéficier des efforts de tous pour trouver plus facilement et plus vite des ressources de bonne qualité. Une sorte de bouche à oreille à l'échelle du web.
Dans un document proposé sur le site de l'Enssib, son auteur propose une tentative de définition de la folksonomie : " ... système flottant de catégorisation, personnel et partagé permettant de naviguer dans des corpus à large spectre composés de ressources hétérogène et instables." Le Grand Dictionnaire de la Terminologie française donne une définition moins savante : "Système de classification collaborative et spontanée de contenus Internet, basé sur l'attribution de mots-clés librement choisis par des utilisateurs non spécialistes, qui favorise le partage de ressources et permet d'améliorer la recherche d'information."
Pour les plateformes Web 2.0 qui s'inscrivent dans le prolongement des expériences de démocratie participative du Web social, l'intégration à grande échelle des concepts de folksonomie et d'interactivité avec les utilisateurs est facilitée par l'arrivée à maturité de nouvelles technologies adaptées à la gestion de contenus interactifs (Ajax : XML + Javascript).
En utilisant ces plateformes, chaque internaute peut devenir acteur de l'actualité. Il peut contribuer au contenu du site en ajoutant des ressources auxquelles ils attribuent des tags (mots-clés ou étiquettes) qui les caractérisent au mieux selon son point de vue. Le simple lecteur peut à son tour, classifier, recommander et annoter en 1 clic ces documents pour en améliorer la recherche et dire ce qu'il en pense.
Les mots-clés peuvent alors être affichés sous la forme d'un "nuage de mots" dont les tailles sont proportionnelles à la fréquence de lecture des sujets qui y sont attachés.
Ce classement statistique basé sur l'activité et la popularité crée une nouvelle forme de navigation sociale, et contribue au référencement des meilleures ressources.
A l'image de Wikio qui propose une agrégation quotidienne de 50000 sources d'informations, ces plateformes Web 2.0 espèrent devenir de véritables moteurs de recherche d'actualité, "dirigés par les internautes qui commentent, proposent et classent le contenu."
L'observation de la blogoshère a également nourrit l'apparition de top-listes d'actualité. Proches du concept de folksonomie, les "meme traker" identifient et classent "les unités d’information qui se transmettent d’un esprit à l’autre". L'expression est aussi un jeu de mot franglais pour désigner les sites qui ont copié le concept inauguré par Memeorandum. L'affichage en continu de l'actualité la plus discutée dans le monde ou à l'échelle d'un pays permet de dégager les tendances en cours et les sujets les plus hots.
Les sites communautaires appelés réseaux sociaux ou social networks reposent sur l'association d'un groupe d'utilisateurs partageant par affinités culturelles ou professionnelles des ressources qualifiées et classifiées, qui peuvent être exploitées par des outils de recherche spécifiques. La mise en commun des favoris est une source de classification collaborative pour les réseaux sociaux. A grande échelle, elle peut concurrencer et enrichir les algorithmes les plus complexes des moteurs de recherche. On pense que dans l'avenir les communautés d'intérêt joueront un rôle important et indispensable pour la qualification des ressources Internet. Ainsi, le serveur de signets généraliste Delicious semble avoir réussi le pari de fédérer des millions d'utilisateurs à travers le monde. Delicious peut ainsi proposer un véritable moteur de recherche dont les résultats tirent pleinement profit de ces classements.
Les espaces de stockage gratuits de musique, de photos et de vidéos que les internautes alimentent pour les partager sur leurs blogs sont, en quelques années, devenu de gigantesque bases de données dans lesquelles chacun peut puiser de l'information. Ici encore l'indexation est réalisée par l'attribution de tags sur les documents proposés.
Face à cette montée en puisance du Web 2.0, les gros moteurs de cherche travaillent à l'intégration de retour de satisfaction des utilisateurs afin d'améliorer la pertinence des résultats. Dans cette optique, Yahoo Search US essaye d'intégrer depuis quelques temps déjà un système de vote des internautes qui permettrait d'éliminer les sites spammeurs.
Le hashtag ou étiquette de données
Le hashtag en français mot-dièse ou mot-clic est un marqueur de type métadonnées, c'est à dire servant à autodécrire d'autres données.
Le protocole de communication IRC (Internet relay chat) l'utilise depuis 1988 pour créer des canaux thématiques. Le signe hash "#" dièse en français est placé devant une chaîne de caractères sans espace pour indiquer au protocole que le message est associé à un canal portant ce nom.
En 2007, le principe du hashtag apparaît sur Twitter pour thématiser des discussions, indiquer son humeur... Twitter va l'intégrer à son interface pour en faire un mot-clé cliquable qui sera de plus en plus utilisé pour suivre l'activité du réseau. En juin 2013, Facebook à son tour adopte le principe du hashtag.
Les hashtags sont utilisés sur les réseaux pour référencer (taguer) des documents lors leur partage et inversement pour rechercher les ressources y faisant référence. Les hastags sont des mots-clés durables ou éphémères inventés au fil de l'actualité. Le slogan #JeSuisCharlie, créé en solidarité avec les journalistes de Charlie Hebdo a été utilisé par des millions d'internautes dans les jours qui ont suivi les attentats.
Les bonnes adresses du web 2.0 !
Les réseaux et serveurs de partage de ressources et de favoris
- Le serveur de favoris Delicious est une vraie réussite de folksonomie pour le web anglophone qui date de 2003.
- Path : Populaire en 2011.
- Quora : Populaire en 2011.
- Lancé en décembre 2010, la startup Nuji cible les fans de shopping. Les utilisateurs ayant aux goûts similaires se suivent et se présentent des produits vus sur Internet. Le réseau est disponible via une aplication Iphone.
- Le site communautaire de "social bookmarking" Reddit permet aux Internautes de proposer leurs liens. Les pages qui recoivent le plus de votes des utilisateurs sont affichés en page d'accueil.
- Stumbleupon Annuaire Internet collaboratif.
- Yoono est une barre d'outils communautaires
- Blogmarks francophone, l'ère du social bookmarking
- Bookmarks francophone
Les réseaux sociaux à usage professionnel (Réseautage d'affaires)
- Linked In Environ 15 millions d'utilisateurs dans 150 secteurs d'industries et 400 régions économiques (nov 07).
- Viadeo : Réseau d'affaires francophone à ces débuts. A racheté Tianji (Chine) et ApnaCircle (Indes) en 2007 et 2009, puis UNYK en Amérique du Sud, pour atteindre environ 50 millions de membre en 2013.
- Bni : Business Network International est à l'origine de la création de plusieurs milliers de réseaux professionnels privés à travers le monde.
- Researchgate : Pour les scientifiques : Cette plateforme gratuite d'interaction sociale ou les chercheurs
(700.000 membres actifs début 2011) peuvent créer leur profil et partager des publications, offre une recherche dans une base de données d'environ 35 millions d´articles dans les domaines scientifiques.
- Ecademy : Business networking
- Betobe : Réseau ayant pour vocation la mise en contact dans le but de développer les solidarités internationales et le bénévolat associatif.
- Lien Optionnel Annuaire de sites communautaires et de réseaux profesionnels.
Le réseautage personnel. Espaces communautaires, affinitaires ouverts
- Créé en 2010 et populaire depuis juin 2011, Pinterest offre un espace graphique pour épingler comme sur un tableau ce qu'on aime, et ainsi partager avec la communauté des photos et des dessins autour d'une passion ou d'un métier. Pinterest reprend le concept de suiveur et d'intéraction avec Twitter et Facebook. En février 2012, le réseau aurait créé plus de trafic que Twitter selon ShareAholic. Avec 70 millions d'utilisateurs en janvier 2015, Pinterest a rejoint les géants du réseautage social et se place 4em derrière Facebook, Instagram et Twitter.
- Myspace : News Corp et Rupert Murdock achètent la plateforme pour 580 millions de dollars en 2006 - 75 millions d'inscrits. 208 millions d'inscrits en Novembre 2007.
- Facebook ou trombinoscope. Le réseau social pour les étudiants. 60 millions d'inscrits fin 2007. En Octobre 2007, une prise de participation de 1,6% par Microsoft à valorisé Facebook à 15 Milliards de dollars. En mars 2010, Facebook revendique 400 millions d'utilisateurs.
- Instagram : Réseau basé sur le partage de photos et de vidéos avec l'ajout de commentaires et de liens. Lancé à la fin de l'année 2010 et très rapidement devenu populaire auprès des jeunes, Instagram a été racheté 1 milliard de dollars par Facebook en avril 2012 alors que le nombre d'utilisateurs actifs avait atteint les 100 millions.
- Orkut : Le réseau Google à environ 50 millions d'utilisateurs et doit fusionner avec d'autres sites dans la plateforme Opensocial.
- Le nouveau réseau social de la firme de Mountain View, Google + a été lancé en juillet 2011.
- Bebo est un service de réseautage social surtout utilisé dans les pays anglophosaxon (Irlande, angleterre, Usa) - espace web personnalisable + blog + photos. Le 13 Mars 2008, AOL a annoncé le rachat de Bebo avec ses 40 millions d'utilisateurs,pour 850 millions de dollars en numéraire.
- Fotolog : Espace personnel de type blog photo (flog, 1 jour 1 photo) racheté 68 Millions d'Euros par Hi-Media en Novembre 2007 - 13 millions d'inscrits majoritairement hispanophones.
- A la façon des réseaux sociaux Badoo est un site de rencontres web 2.0 gratuit. Lancé en mai 2006 à Chypre, Badoo réunit déjà 58.2 millions d'inscrits (mars 2010) avec une proportion importante d'utilisateur en Europe (France, Espagne, Italie). En Octobre 2013, le nombre d'inscrits revendiqués s'élève à 193 millions.
- Netlog : Créé en 2003, ce réseau social géolocalisé d'origine belge est un site communautaire orienté rencontres. Quatrième entreprise technologique d'Europe par sa croissance, Netlog est passé de 3 millions de membres en en 2007 à plus de 60 millions en mars 2010.
- Ipernity
permet le partage de tout type de documents numériques.
- Studiqg permet aux étudiants de créer un cercle d’amis et de découvrir ceux des autres (pays francophones)
- MyZiki
- Twitter : Mini blogging qui permet de créer des réseaux d'actualité en direct. Publication de mini contenus web au sein d'un réseau social.
- Periscope : Cette application acheté pat Twitter en 2015 pour 100 millions de dollars sert à ransmettre en direct des vidéo à partir d'un appareil mobile connecté à Internet. Elle se popularise en France en 2016 avec la retransmission des rassemblements #nuitDebout place de République à Paris.
Les agrégateurs d'actualité ou memetrackeurs ou "meme-tracker"
- Digg : A rencontré un grand succès sur le web anglophone à l'image de Wikio qui a cessé son activité de classement des blogs français durand l'été 2011.
- Slashdot
- Topix
- Memeorandum
- Megite
Musique et podcasts
- Musique à la demande avec Deezer.
-
Sound CLick : Communauté d'artistes et d'auditeurs partageant et annotant de la musique.
- Last Fm propose aux utilisateurs de taguer la musique qu'ils ont écoutée.
- La rubrique MP3 de l'annuaire présente des plateformes Web 2 de partage de fichiers musicaux.
Les serveurs de vidéos web 2.0
Les serveurs de photos
Les encyclopédies collaboratives
Les pages d'accueil Web 2.0 (espace personnalisable)
Les jeux Web 2.0
- Foursquare est un réseau social ludique avec une application pour les mobiles. Le système de géolocalisation offre la possibilité de rencontrer "physiquement" les personnes de votre réseau. Il est également le précuseur d'un nouveau concept qui serait l'avenir du web social, le SoLoMo acronyme de "Social, Local, Mobile" qui pourrait donner sa dimension locale au web 2.0.
- Second Life : Monde virtuel 3D
- Neopets
Les services de social bookmarking
- Destinés aux sites Internet et aux blogs, ces services proposent des boutons et widgets web à intégrer dans une pages afin de faciliter son partage via les réseaux sociaux.
Annuaire du Web 2.0
Ce qui a changé et ce qui va changer ...
Depuis son "invention" en 2004 par l'éditeur Tim O'Reilly, le web 2.0 a suscité de nombreuses interrogations.
Coup de pub marketing ou véritable révolution capable de capter l'intelligence collective que représentent les millions d'utilisateurs du réseau Internet ... ?
L'impact du Web 2.0 est tel que le magazine américain Time qui chaque année désigne l'homme ou la femme de l'année pour son oeuvre ou son rôle dans la société, a choisi que la personnalité de l'année 2006 était "Vous" ou plutot le milliard d'internautes qui à transformé la société de l'information. Le Time écrit "Vous contrôlez l'ère de l'information, Vous propulsez de parfaits inconnus sur le devant de la scène".
|
|
Un autre article du Time publié, quelques jours plutot titrait "Web Boom 2.0, les Dotcoms retrouvent des couleurs".
Les média traditionnels et les majors de l'audio-visuel qui constatent leur perte d'influence ont déjà investi les sites de partage de vidéo qu'ils alimentent de leurs productions, trouvant ici des plateformes promotionnelles efficaces et gratuites. Le buzz marketing (ou marketing viral) envahit chaque jour un peu plus le réseau.
Maîtriser pour la détourner à des fins publicitaires, cette "arme de communication massive" qu'est la folksonomie est un enjeu des prochaines années, comme le fut pour les référenceurs le décodage des algorithmes des moteurs de recherche.
L'avenir dira si ce "filtrage social" tient ses promesses et trouve les ressources nécessaires pour résister au spam, à la récupération marchande et aux manipulations des professionnels du buzz-marketing ...
Autres innovations du WEB 2.0
Au-delà des diverses formes d'intéractivité avec les utilisateurs dont nous venons de parler, et qui sont mises à profit pour améliorer le classement des ressources Internet, le web 2.0 s'est doté de nouvelles interfaces Web personnalisables enrichies d'innovations liées à l'utilisation de nouvelles technologies :
- Les mashups ou mixages de données grâce à l'usage déporté d'API comme Google Maps. The Programmable Web est un répertoire de sites utilisant et/ou proposant des API.
- Des logiciels en ligne assurant la délocalisation d'activités effectuées habituellement en local (Google Calendar, traitements de texte en ligne). On pense que d'ici quelques années les suites bureautiques traditionnelles auront disparu.
- la géolocalisation des Internautes pour le ciblage de l'informations.
10% du trafic mondial sur Internet en 2011 !
Selon une étude réalisée en juin 2011 par le service de partage de liens ShareThis, les réseaux sociaux, les blogs et les emails seraient à l'origine de 10% du trafic envoyé aux sites Internet.
De bonnes lectures pour découvrir le web social...
|